Résumé : |
Les confessions atterrées d'un petit soldat de l'élite éducative
«J'étais ce qu'on appelle un bon petit soldat - réglé, discipliné, organisé. J'ai fait mes classes, la tête haute et le pas assuré ; j'ai décroché des médailles : la mention «très bien» au baccalauréat et le droit d'entrée en classe préparatoire au lycée Henri IV, avec une seule idée en tête : intégrer l'École normale supérieure. [...]
Henri-IV est un excellent centre de formation : beaucoup de pression, de la concurrence, de la passion ; de gros effectifs- parmi les plus gros de France- bien rangés en ordre de bataille.»
Ancienne élève de classe préparatoire, Loriane Lafont dresse un état des lieux sans concession des phénomènes à l'oeuvre dans ces classes d'excellence, mais aussi ailleurs, dans de grandes écoles de commerce comme dans les meilleures de nos universités françaises : L'ESSEC, Science-Po Paris entre autres, sont concernés. Son témoignage est alarmant : les ordinateurs, venus remplacer les stylos et les cahiers, ont complètement changé la donne. La grande majorité des élèves surfe sur Internet à longueur de temps. Pas pour étudier mais pour faire les soldes en ligne, regarder des séries, et surtout être sur les réseaux sociaux.
Les cours n'ont plus aucune valeur : ils ne servent qu'à «intégrer» un maximum d'informations. Dans ces classes, soit disant réservées aux meilleurs (et surtout aux plus riches), l'éducation est devenue une marchandise : les cours sont des produits, les élèves des clients, les professeurs de simples fournisseurs d'accès, souvent remis en question. Le modèle commercial est aussi omniprésent que dévastateur dans les rapports humains. Et tout cela se passe à grande échelle dans des salles de classe ou des amphithéâtres pleins à craquer. Au nez et à la barbe de professeurs qui pensent avoir devant eux l'élite de la France. Si d'élite il s'agit, elle est bien mal en point.
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