Résumé : |
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Julien Benda. Toujours d'actualité à l'heure des intellectuels-journalistes spécialistes de la désinformation, de la manipulation d'opinion, de la propagande et de la ruine de la pensée, "La Trahison des clercs" est un réquisitoire contre l'emprise des passions politiques au détriment de la raison et contre une tendance de la culture à devenir une "culture des égoïsmes". Benda y accuse les intellectuels d'avoir trahi la cause de l'esprit en cédant aux attraits de l'engagement politique. C'est aussi un diagnostic des dangers que courent les démocraties modernes qui s'achève par un cri d'alarme: un monde qui renonce à toute référence et à tout contrôle éthiques court à sa perte, non seulement morale mais aussi matérielle, car c'est un monde livré à toutes sortes de conflits: de nation, de race, de religion, de classe et de groupe. Cependant, Benda ne bannit pas la passion de l'univers du clerc. Il lui réserve la passion de l'idée et la passion de la connaissance, il lui réserve aussi la passion de la justice et de la démocratie. Sa critique de la violence ne se confond jamais avec l'abstentionnisme et le pacifisme. Au contraire, les valeurs dont il proclame le caractère étemel et absolu l'autorisent à chaque fois à choisir, à distinguer — du point de vue moral mais en se situant sur le terrain politique — entre la cause juste et la violation du droit. |