Résumé : |
Les médias occupent une place particulière dans nos démocraties contemporaines. Les journalistes sont souvent critiqués pour leur conformisme et leur « formatage ». Mais on ne sait rien de la manière dont ils sont formés en pratique(s). Jusqu’à quel point des écoles peuvent-elles rester autonomes par rapport à l’État ou des entreprises de médias ? Comment ces savoir-faire se sont-ils codifiés ? Comment le contenu des formations est-il défini ? Pour répondre à ces questions, ce livre propose une socio-histoire des écoles de journalisme en France depuis la fin du xixe siècle jusqu’à nos jours. Il offre un nouveau regard sur le lien peu exploré entre formation et profession. Il repose sur l’exploitation d’archives inédites, d’observations et d’entretiens auprès des acteurs de cette histoire. Il raconte comment le journalisme est parvenu suite à l’affaire Dreyfus à se scolariser alors même que la plupart des professionnels considéraient à l’époque qu’il était possible de l’apprendre directement « sur le tas ». À la Libération, le Centre de formation des journalistes (CFJ) est parvenu à imposer avec les syndicats de journalistes un modèle spécifique de formation reposant sur l’alliance de la technique et de l’éthique. Dans les années 1990, ce Centre a perdu progressivement la main sur l’espace de formation à la suite de crises financières. Dans les années 2000, de nouveaux acteurs comme Sciences Po Paris et les IEP de région s’invitent à leur tour dans le monde de la formation au journalisme. Cette recomposition s’accompagne du maintien d’un contrôle par la profession qui parvient ces dernières années à constituer un véritable groupe d’intérêt reconnu par l’État. |