Résumé : |
Agir sur le langage pour agir sur le monde : tel est le programme des mouvements sociaux qui s’engagent dans la lutte pour la signification. Le féminisme a de longue date pris à bras le corps cette question de la langue, et pour cause : le langage est un des lieux majeurs de notre catégorisation du monde. Il s’agit de contester la mainmise du masculin sur l’humanité, de pouvoir s’énoncer, de participer au sens du monde à part pleine et entière. C’est dans cette urgence politique et sémantique à exister en tant que sujet que des féministes se sont mises à « bousculer la grammaire ». Loin des arguments hygiénistes ou corsetés sur la langue se déploie une politique du sens, qui invite à la prolifération des discours. Une politique du sens qui incite à s’installer en langue et à tenir. Julie Abbou s’intéresse à la part politique du langage. Titulaire d’un doctorat de Sciences du langage, elle a co-fondé la revue GLAD!, consacrée aux questions de genre et de langage. Ses recherches sont à l’interface de la sociolinguistique, de l’analyse de discours et de l’anthropologie du langage. Elle a travaillé dans différentes parties du monde, à Aix-Marseille, en Lorraine, à Hong Kong, à Ottawa et aujourd’hui à l’Université de Paris-Cité. Elle habite à Marseille. |