Résumé : |
En revenant sur trois décennies d'autoritarisme, les articles de ce dossier tentent de saisir au plus près des acteurs les négociations qui s'opèrent avec le pouvoir autoritaire et les manières dont ces pratiques participent à la formation de l'État soudanais, ici depuis le déploiement du régime dit « islamiste » en 1989 jusqu'à sa chute en avril 2019. Les contributions donnent à voir des acteurs qui s'adaptent et négocient afin de maintenir leur influence ou de renégocier leur capacité d'action. Les fondements économiques, politiques et idéologiques du régime, loin d'être linéaires sur ces trois décennies, sont également discutés pour comprendre les redéfinitions des pratiques concrètes du pouvoir ou, au contraire, leurs permanences. Parmi ces permanences, on notera une domination de long terme fondée sur une pratique exclusive, discriminante et violente d'un pouvoir de plus en plus contesté et affaibli. La dernière décennie, débutée avec l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, signe en effet une déliquescence progressive des bases économiques, sociales, et politiques qui mènera à la révolution de décembre 2018, présentée par les révolutionnaires comme « anti-islamiste », et à la chute du président le 11 avril 2019. |