Résumé : |
"La dispute de l’ornement que nous ont rendue familière les travaux de l’historien de l’art Aloïs Riegl et le célèbre pamphlet d’Adolf Loos, tout comme les prises de positions des artistes du modernisme et du minimal art, s’inscrit dans une histoire longue. Les Concepts préliminaires à une théorie des ornements de Karl Philip Moritz, publiés en 1793, en constituent une étape décisive. Moritz choisit l’enquête empirique et la description pour construire une théorie des ornements grâce à l’étude des motifs et la connaissance des productions qu’un long voyage en Italie et l’observation des demeures berlinoises lui ont procurées. Il fait des ornements une pièce indispensable de l’esthétique telle qu’elle se conçoit à l’époque des Lumières. À l’opposé de l’allégorie, les ornements sont des formes libres qui n’imitent rien, qui n’ont pas de signification. Ils renvoient, dans le cadre d’une définition du beau, à la dimension anthropologique du besoin d’art et contribuent à la promotion de l’imagination. Conçu dans le contexte de l’Académie des arts de Berlin, ce texte a un rôle éducatif ; il remplit aussi une fonction politique, à l’heure d’une industrialisation croissante des arts appliqués autour de 1800.." |