Résumé : |
Pourquoi le vote Front national ne révolte-t-il plus ? On a tous vu ou entendu ces citoyens en colère expliquant qu’ils ont été déçus par la droite et par la gauche et qui disent : « Pourquoi ne pas essayer le Front national » ? Mais qu’est véritablement le Front national ? Comment les idées de ce parti ont-elles réussi à infiltrer progressivement des esprits qui, pour la plupart, ne se disent pourtant ni d’extrême droite ni fascisants ? Pourquoi depuis plus de quarante ans n’arrive-t-on pas à le contrer efficacement ? Quel est le véritable ADN de ce parti qui se prétend respectable ? On ne peut pas comprendre les succès du FN sans étudier la société, la culture, l’histoire dont il se nourrit. Notre société, notre culture, notre histoire. Peut-on combattre le FN en parlant comme lui, en posant les mêmes questions que lui, en acceptant les concepts et le champ d’évaluation où il se situe : « identité », « Français de souche », « diabolisation », « communautarisme », « assimilation », « populisme »…? Ce vocabulaire hélas devenu le nôtre. Il nous faut aussi comprendre comment l’obsession ethnique de ce parti structure, aujourd’hui comme hier, toute sa pensée, son imaginaire, ses pratiques, ses penchants clairement autoritaires et sa volonté d’instituer des discriminations partout. Une fois élargi le regard et dissipé ce théâtre d’ombres, apparaît une formation politique beaucoup moins anodine qu’on ne le dit, qui n’a pas rompu avec les héritages les plus inquiétants de notre histoire contemporaine. Ce livre richement documenté et passionnant nous éclaire sur les dangers que représente la tentation du vote frontiste, et nous montre surtout comment l'éviter. EXTRAIT Depuis 2012, les scores électoraux du Front national sont impressionnants. C’est probablement le fait politique majeur en France ces dernières années. Marine Le Pen obtient près de 18 % de voix au premier tour des présidentielles en avril 2012. En mars 2014, son mouvement conquiert une dizaine de mairies, dont Hénin-Beaumont au premier tour. Ensuite se produit le « séisme » des européennes où le Front national se retrouve en tête avec presque 25 % des voix et 24 députés élus au Parlement européen (contre 6,34 % de voix et 3 députés en 2009). Puis deux élus entrent au Sénat en septembre 2014. Aux départementales de mars 2015, le parti de Marine Le Pen réalise de nouveau un score d’environ 25 % des voix au premier tour et fait élire au final 62 conseillers départementaux. Il n’obtient pas les présidences de département qu’il espérait et beaucoup, dont le Premier ministre, ont exprimé un certain soulagement (« Battu mais content » titre le journal Libération le lendemain). Mais cela prouve surtout que l’on s’est habitué à ces chiffres extrêmement élevés, au point de considérer comme un quasi-échec l’obtention d’un score qui, il y a quelques années, nous aurait épouvantés. À PROPOS DE L'AUTEUR André Koulberg, après avoir consacré de nombreuses années à l'enseignement de la philosophie, est aujourd’hui l’un des animateurs de l’Université populaire du Pays d’Aix. Il est l’auteur en 1989 du livre L'affaire du voile islamique (Ed. Fenêtre sur cour). |